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Disorder over the wall
30 mars 2008

« We’re all Frankies, we’re all lying in hell. » (‘Frankie Teardrop’, Suicide, 1978).

suicide

En 1978, l’impact de Kraftwerk a largement dépassé les frontières germaniques. Le premier album de Suicide s’approprie les rythmiques électroniques de Kraftwerk et les transcende seulement 3 ans plus tard. La musique quasi hypnotique se détache totalement de celle des Allemands et cette sortie est sans précédent. Ceci se ressent notamment dans les salles de concert : le sang coule à flot (sans métaphore) et Alan Vega est envoûté : le chaos peut (enfin ?) régner.

Dans la plupart des cas, l’écoute de cet album ne laisse pas indifférent. Non seulement l’auditeur prend un malin plaisir à réécouter en boucle des chansons presque nihilistes, mais parfois la pression est si lourde que l’on ne fait plus partie de cette planète (cela dit ce sentiment est peut-être personnel…). En tout cas, en ce qui concerne le post-punk, on ne pourrait oublier de citer cet événement musical. Effectivement, dès la première chanson de cet album-‘Ghost Rider'- la nouveauté est indéniable. L’absence de superflu, déjà soulignée auparavant, est encore plus renforcée. Cette caractéristique, que l’on retrouvait chez Kraftwerk, se dessine, les carcans sont plus pop mais l’essence est fondamentalement plus brute, plus rêche. Ce qui change dorénavant et qui se précisera plus tard est cette attention toute particulière à inclure des mots, témoins d’un caractère plus parlé de la musique. Créer, certes, mais dans l’optique de laisser une trace écrite. Cet aspect se voit d’ailleurs dans l’artwork même de la pochette : le choix du nom: ‘Suicide’ est en effet lourd de sens. Dorénavant, il ne faut plus seulement faire apparaître un son nouveau mais aussi être présent concrètement à l’aide de mots. Bien sûr, ces aspects sont embryonnaires mais très importants à souligner car ils auront une importance capitale chez Joy Division, Cabaret Voltaire, ou The Fall par exemple. Certaines intonations d’Alan Vega peuvent même nous faire penser à Nick Cave (le premier E.P. de The Birthday Party, Mutiny sort en 1982).

Par ailleurs, il serait possible de rapprocher cet album de l’essence punk dans l’utilisation de cris ou dans les thématiques abordées (‘Che’, ‘Frankie Teardrop’), mais ce sont des éléments plus mineurs qui le rapprochent de ce mouvement à l’agonie. Le caractère particulièrement novateur de cet album est alors de résister à toutes les influences extérieures, il se concentre sur le caractère destructeur de la société sur l’individu, sur son moi. Suicide accentue alors l’aspect individuel et non plus collectif de la musique (très présent dans les années 70). Ceci crée une nouvelle génération d’artistes plus centrés sur eux-mêmes, souvent à leurs dépens, perdus dans un monde sans aucune limite. Cet aspect sera poussé à son paroxysme, un an plus tard, avec l’ascension du groupe Joy Division : véritable plaque tournante du mouvement post-punk.


DL


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Disorder over the wall
  • Ce blog tente de retracer le mouvement post punk qui dura une décennie environ (1975-1985). Par ailleurs, d'autres rubriques s'y ajoutent concernant la folk, le shoegazing, le post-rock, toutes les musiques intéressantes en général.
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